Isabelle Autissier : “Il faut avoir confiance dans les générations futures” - Grand-Mercredi

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Isabelle Autissier : “Il faut avoir confiance dans les générations futures”

Navigatrice, auteure, Présidente d’Honneur du WWF France… Isabelle Autissier a bien des casquettes. Avec l’Odyssée du Vivant, un programme majeur de préservation de la nature, elle souhaite agir aux côtés de celles et ceux qui désirent prendre soin de l’avenir de notre planète, face à l’urgence environnementale. Grands-Parents, comme Petits-Enfants, nous sommes tous concernés. Grand-Mercredi a pu rencontrer et discuter avec cette femme inspirante. INTERVIEW.

Grand-Mercredi : Vous considérez-vous comme une pionnière, en plus d’être une femme qui inspire des générations entières ?

Isabelle Autissier : Ce n’était pas mon intention, mais j’ai eu des Parents formidables… Ça, je le dis tout le temps ! Mes Parents m’ont fait confiance, m’ont ouvert l’esprit, m’ont proposé de faire plein de choses dans la vie ; et pas seulement que du bateau à voile… des choses comme de la musique, certains voyages. Ils m’ont souvent expliqué qu’il fallait mouiller sa chemise pour avoir quelque chose.

Vos Parents semblent avoir eu un rôle important dans votre construction personnelle…

Quand j’étais une petite fille ou même adolescente, ils ne m’ont jamais dit : “Il y a des activités pour les filles et des activités pour les garçons”. Je n’ai pas grandi en pensant comme ça. Du coup, ça m’a donné une très grande liberté d’esprit, une très grande confiance et quand j’ai eu envie de faire des choses, je les ai faites. Je ne me suis jamais trop inquiétée de savoir si ça allait plaire aux autres ou pas. J’ai bossé comme une dingue et j’ai toujours adoré ce que j’ai fait dans ma vie ! Mes choix, comme celui d’aller faire de la course au large pendant 15 ans, étaient toujours très assumés.

Que vous disent les Grands-Parents aujourd’hui lorsqu’ils vous rencontrent ?

Pour moi, les Grands-Parents d’aujourd’hui ont à peu près mon âge (Isabelle Autissier est née en octobre 1956, ndlr). J’en croise beaucoup qui sont très inquiets parce qu’ils aiment leurs Enfants et leurs Petits-Enfants et qui se disent : “Oh là là ! Comment ça va se passer pour eux ?”. Et je les comprends. D’une certaine façon, même si moi je n’ai pas d’Enfants, j’ai des neveux, des nièces et même des petits neveux et petites nièces… Je crois alors que là aussi tout le monde doit faire sa part. Il faut avoir confiance dans les générations futures et surtout il faut leur transmettre cette confiance : dans les défis qu’ils vont relever, qu’ils vont être à la hauteur et qu’ils en seront capables. Oui, ça va être beaucoup de boulot, mais il faut les accompagner tant qu’on le peut.

Comment les Grands-Parents peuvent-ils sensibiliser leurs Petits-Enfants aux questions environnementales ?

Les gens de ma génération ont encore une certaine relation avec la nature. Nous sommes capables de nommer les espèces d’arbres, les espèces de plantes ou encore d’animaux… La relation Grands-Parents / Petits-Enfants est très spécifique, très particulière, et je pense que ça, il faut vraiment le faire avec ses Petits-Enfants. Il faut jardiner avec eux, il faut aller se promener en forêt, leur parler des plantes, des arbres, des champignons, des petits oiseaux, des fourmis… Nous-même on apprend en faisant tout ça. Si votre Petit-Enfant vous demande : “Mais comment s’habille une fourmi ?”. Vous allez forcément leur répondre : Oh la la, mais je ne sais pas !”. Mais il faut profiter de cette question pour les intéresser, les captiver. Donc en rentrant à la maison, aller faire des recherches avec eux, pour susciter leur curiosité, leur donner envie. Même une chasse aux champignons, c’est marrant, c’est convivial. Il faut jouer de tout ça, parce que les jeunes générations connaissent de plus en plus mal la nature et c’est là qu’est le vrai problème.

Et pour aller plus loin, s’engager avec ses Petits-Enfants, est-ce aussi important selon vous ?

Bien sûr ! Après cette première étape de découverte, vient l’engagement. Les Grands-Parents et les Petits-Enfants ont mille occasions de faire des choses ensemble. Y compris de petites choses, comme construire un nichoir pour les oiseaux à mettre dans son jardin par exemple. Ça peut tout simplement commencer par-là. Et puis au-delà de ça, s’engager dans des associations et réaliser des actions ensemble. Je crois vraiment que c’est là aussi qu’est le rôle des Grands-Parents que de partager des actions positives pour l’avenir de la planète avec leurs Petits-Enfants. “Tiens tu as vu, il y a cette association en bas de chez nous, on pourrait aller leur donner un coup de main, non ?”. Voilà ce qu’on peut leur dire. Je crois que ça, c’est aussi une façon de leur montrer qu’on peut agir, qu’on peut imaginer un avenir plus positif tous ensemble.

Le dernier documentaire du WWF, Rorqual, disponible gratuitement sur YouTube, peut-il, lui aussi, être un outil pour les sensibiliser ?

Oui, bien sûr. Mais je fais confiance aux Grands-Parents pour trouver les éléments qui vont mobiliser leurs Petits-Enfants. Je sais bien que maintenant, à l’ère des réseaux sociaux, ça pourrait être ça aussi. Parfois les Grands-Parents ne sont pas toujours très à l’aise avec ces outils, même s’il y en a plein qui s’en servent très bien. Par exemple, ils peuvent les aider à faire le tri dans les informations qu’il y a sur les réseaux sociaux et à les aider à se dire : “Attends, ça, ce n’est pas appuyé scientifiquement, on ne cite pas les sources, on ne sait pas d’où ça sort, ce sont peut-être des gens qui racontent n’importe quoi, donc il faudrait mieux que tu ailles voir ailleurs…”.

Que dire aux Grands-Parents qui peuvent se sentir parfois un peu dépassés ? Par exemple, si certains ne comprennent pas pourquoi un de leurs Petits-Enfants décide de devenir végétarien ou vegan, parce qu’il est inquiet pour le futur et la planète ?

Je pense qu’une relation, c’est avant tout deux personnes qui se rencontrent, qui vont apprendre des choses l’une de l’autre. Si les Grands-Parents adorent être avec leurs Petits-Enfants, c’est aussi parce qu’ils leur apprennent plein de choses, qu’ils leur donnent des émotions, qu’ils redécouvrent des choses qu’ils n’avaient peut-être pas comprises quand ils étaient eux-mêmes Parents. J’ai plusieurs amis, qui sont Grands-Parents et qui me disent ça : “J’ai découvert des choses grâce à mon Petit-Fils de 14 ans !”. Je crois que c’est important quand la relation a lieu dans les deux sens. La première chose à faire c’est d’écouter, pour essayer de comprendre. Pourquoi a-t-il fait ce choix ? En commençant par-là vous allez approfondir votre relation. Et sûrement ensuite apprendre des choses. Ça ne veut pas dire qu’il sera toujours d’accord avec son Petit-Enfant, mais à minima, ça ouvrira le débat. Échanger des arguments, c’est aussi faire progresser les choses.

Si vous aussi les paroles d’Isabelle Autissier vous inspirent, n’attendez pas pour laisser une planète plus belle à vos Petits-Enfants : engagez-vous !