1/ Par quels types de jeux avez-vous l’habitude de développer la créativité de vos jeunes élèves ?
Avec les maternelles, je fais beaucoup de peinture, de découpages, de collages, et de la danse. Par exemple, je mets un disque et les enfants doivent bouger en rythme, d’un pas lourd comme celui d’un éléphant ou tout en légèreté, à la façon d’une sauterelle. Exactement comme avec mes propres enfants, les déguisements marchent aussi très fort. En leur demandant « Qui es-tu ? », « Comment t’appelles-tu, déguisé ainsi ?», ils mettent des mots sur les scénarios qu’ils s’inventent. A partir du CP et jusqu’en CE1, les arts visuels prennent le dessus. Parfois, il s’agit tout simplement de leur faire dessiner un gros point rouge sur une feuille. A eux d’imaginer s’il s’agit d’un nez de clown, d’une pomme dans un arbre ou d’un ballon dans le ciel. Et puis, au sein des différents ateliers en classe, je ne fais pas de différence entre filles et garçons : la dînette n’est pas réservée aux premières et la construction de tours de contrôle en bois aux seconds ! Tout le monde, enfin, a le droit d’aimer le rose.
2/ Quelles sont, pour les enfants, les vertus de la création ?
Au-delà de permettre le développement de l’imaginaire, elle aide à oser s’inventer des choses, à se laisser aller et à lâcher prise. En prenant conscience que l’on peut être créatif, un enfant n’est pas obligé de tout contrôler ni de faire plaisir à la maîtresse. C’est aussi, pour lui, une échappatoire par rapport au stress du quotidien. Et comme toute forme d’expression, la créativité a un pouvoir libérateur ; elle sert à extérioriser des sentiments.
3/ La créativité peut-elle, selon vous, être stimulée ?
En classe, à l’issue de telle ou telle activité, j’invite les enfants qui le souhaitent à venir présenter ce qu’ils ont fait à leurs camarades. Devant les autres, chacun montre son plat de dînette, son bonhomme en pâte à modeler ou son dessin. Certains sont plus inhibés que d’autres mais, en voyant faire les petits copains, ils acquièrent une confiance en eux et finissent par se prêter au jeu. A la maison, c’est un peu différent. Bien que capable de reproduire les lettres de l’alphabet rien qu’en mordant dans sa gaufre, mon fils Siméon (7 ans) est moins créatif que Marceau (4 ans). Il a besoin que je sois à l’initiative de l’activité ou du jeu (souvent avec des figurines, des blocs de contruction…), et que je commence avec lui. Faire avec eux, c’est ça le secret ! Un enfant créatif, ça se cultive.