Sybille et moi, c’est un peu le jour et la nuit.
J’ai une vie de famille; elle ne jure que par ses collègues du comité d’entreprise. Elle écoute Reggiani en boucle; je préfère de loin Joe Cocker. Elle a voulu s’essayer à la zumba; je lui conseillais plutôt le Pilates. J’ai connu deux amours; elle cherche encore le sien…
J’ai une vie de famille; elle ne jure que par ses collègues du comité d’entreprise. Elle écoute Reggiani en boucle; je préfère de loin Joe Cocker. Elle a voulu s’essayer à la zumba; je lui conseillais plutôt le Pilates. J’ai connu deux amours; elle cherche encore le sien…
Pourtant, notre amitié dure depuis quarante ans. Alors, quand elle m’a demandé si elle pouvait « faire un crochet » par chez moi au coeur de l’été, entre son stage de pleine conscience dans le Périgord et le mariage de son neveu à Berck-Plage, j’ai bien évidemment dit « oui ». Elle a débarqué avec des cadeaux pour tout le monde – du gâteau aux noix et un livre du Dalaï-lama, en ce qui me concerne -, une pleine machine de linge à faire tourner et un chargeur de portable à énergie solaire, « tellement plus écolo ! ».
Depuis qu’elle est là, on met des graines de lin dans toutes les salades et on ne taille les rosiers que les soirs de pleine lune; je connais par coeur les SMS qu’un certain Luigi lui envoie sans qu’elle ose y répondre (seule); et après chaque baignade, mes petits-enfants la supplient de les envelopper dans leur serviette façon moine tibétain. Zen et crevante à la fois, Sybille est ma récréation. « Hier encore, j’avais vingt ans… », chantait jadis son idole.
Pas de doute: quand elle est là, comme avec mes petits-enfants, je rajeunis. Et mesure ma chance.
Préparez-vous à passer à la vitesse supérieure: dans trois jours, les cousins débarquent !