Passer le cap de se faire appareiller, ce n’est pas une mince affaire. Pour Marie-Paule Cathelain, appareillée depuis 2019, il y a eu le déni d’abord, la prise de conscience ensuite, puis le grand saut, l’adaptation et enfin, la résurrection. Depuis quelques années, son quotidien s’est transformé. Elle nous raconte.
Marie-Paule, vous avez été vous-même alertée par des signes de trouble de l’audition. Quels étaient ces signes ?
J’entendais nettement moins. Dans une conversation comme maintenant, tous les sons étaient loin, je tendais un peu l’oreille pour écouter les conversations. Et puis, ça a été la télé, je mettais le son très fort et quand les gens me parlaient, je me rendais bien compte que je n’entendais pas bien. Même avec mes Petits-Enfants, c’était dur car les enfants ne vous regardent pas forcément quand ils vous parlent, ils ont la tête baissée, ils sont souvent dans leur monde aussi, et ils parlent très bas. Ça a été un facteur alarmant pour moi. Même ma fille avec son accent du sud, c’était dur de tout comprendre ! Je suis allée voir un ORL qui m’a dit de me faire appareiller, et je n’ai pas hésité. J’ai pris rendez-vous directement.
Vous avez pris le taureau par les cornes comme on dit ?
Oui, exactement ! Moi, je suis comme ça. Quand on me dit “faut y aller”, je n’hésite pas et je fonce ! La santé, c’est une priorité.
Depuis que vous êtes appareillée, qu’est-ce-qui a changé dans votre vie ?
Déjà, je réentends tout le monde, et ça, c’est quand même très important. Je participe à beaucoup plus de choses car de temps en temps j’avais l’impression de ne pas être dans la conversation. Il y a eu un moment où je m’éloignais des gens et ce n’était pas du tout dans mon tempérament, je suis assez joviale. Je me disais “oh, et puis, tant pis. Est-ce que c’est vraiment intéressant ce qu’ils disent ?”. C’est peut-être un peu ridicule de dire ça mais c’est vrai que dans certaines conversations je me disais “après tout, les jeunes, ils discutent entre eux, c’est peut être pas intéressant pour moi”.
En revanche avec les gens de mon âge je tendais l’oreille plus attentivement. Et maintenant, je n’ai plus ce problème ! Je recommence à bouger un peu plus, je m’occupe pas mal de mes Petits-Enfants et je voyage. Je (re–)voyage même ! (rire)
Et maintenant, l’appareillage fait partie intégrante de votre quotidien ?
Oui, quand je me lave les dents, je retire mes appareils. C’est un geste du quotidien. L’autre jour, j’étais à la piscine avec mes Petits-Enfants, et ils m’ont dit “mamie, n’oublie pas d’enlever tes appareils !” C’est trop mignon…Ils disent aussi “les oreilles de mamie sont dans la salle de bain !” (rire) Je trouve que c’est trognon, ça ne les gêne pas, ils sont très au courant du problème et donc c’est très bien !
Et dans votre entourage proche, il y a encore des personnes qui sont réfractaires à se faire appareiller. Qu’est-ce que vous voudriez leur dire ?
J’aimerais leur dire qu’il ne faut pas hésiter. On soigne sa vue, on soigne ses dents et quand on vieillit il faut aussi penser à soigner son audition, car c’est très important de pouvoir participer à une conversation sans faire répéter les gens. À force, ça les lasse et même pour nous ça devient agaçant. Moi, je vois ma sœur, qui a des appareils qu’elle ne veut pas porter, elle me demande tout le temps de parler un peu plus fort. La dernière fois j’ai dû lui dire “non !” Et ça fait un bien fou !
