Dans une autre vie, vous auriez pu être chausseur. Ou orthopédiste. Ou podologue. La semelle est votre dada; la voûte plantaire votre mantra.
Alors plutôt passer l’hiver en tongs que de voir vos petits-enfants enfiler des souliers – si, ça se dit! – inadaptés. Dans un élan de confort altruiste, vous vous êtes donc attribué une mission : l’achat de LA paire de chaussures que Barnabé/Louison portera l’automne prochain.
Généralement dévolue aux parents, cette quête parfois impossible suppose, vous le savez, quelques contraintes. Il en faut des « à scratch » pour l’institutrice qui a déjà frôlé le burn out pour cause de 29 paires de lacets (=58) à refaire après la sieste; des « à tige renforcée » dixit le pédiatre; des bleu marine « sinon rien » ou des grises « pour que ça aille avec tout » exige la maman; des « pratiques, surtout » suggère le papa, maladroit auto-proclamé.
Après, et après seulement, il vous faudra convaincre l’intéressé(e) que cette expédition peut avoir quelque chose de rigolo, et croiser fort les orteils pour que la vendeuse ait aussi des ballons en vitrine. Le port altier, transcendée par le sentiment du devoir (chèrement) accompli, vous ferez enfin le chemin retour en pâmoison devant la démarche nouvellement acquise de votre protégé(e). Qui marchera droit…enfin !