Plus que jamais mobilisées pour nos aînés, les assistantes de vie ont pourtant longtemps été les héroïnes de l’ombre pour de nombreuses familles. Cette crise est le moment pour Grand-Mercredi de les mettre à l’honneur. Nous avons contacté 4 d’entre elles, salariées de la société O2 Care Services, qui ont accepté de nous raconter leur quotidien, leurs inquiétudes et ce qui les fait avancer.
C’est un rituel bien rodé. “Je sors de chez moi, je me lave les mains. J’ai du gel hydroalcoolique dans ma voiture, donc je me désinfecte les mains avant de rentrer chez mon client. Je mets le masque, on prend les gants. Arrivée chez le client, je me relave les mains,” nous raconte Céline. Elle est assistante de vie en Haute-Normandie. Comme des milliers d’assistantes de vie, chaque matin, elle sort de chez elle (très tôt, parfois), pour se rendre au domicile de nos aînés dépendants. Comme des milliers d’assistantes de vie, elle continue à travailler, “pour ne pas abandonner nos clients”, souligne Roseline, au Havre.
Ne pas abandonner des clients, qui ont, en ce moment plus que jamais, besoin de soutien. Entre les courses, que les proches ne peuvent plus assurer et les tâches usuelles, nos assistantes de vie sont bien occupées. “Les clients nous demandent des désinfecter les courses, les interrupteurs, les clenches … Et puis, on se rend compte de la proximité physique avec nos clients aussi, lorsque qu’on les habille, ou que l’on fait leur toilette”, décrit Céline.
A cela, il faut ajouter, évidemment, le soutien moral que doivent assurer les assistantes de vie, encore plus qu’à l’habitude.
“Nous sommes d’autant plus attentives à leurs craintes (des clients, ndlr.). Le plus dur, c’est de ne pas montrer les nôtres. Moi qui fais surtout mon travail pour son côté psychologique, j’ai de quoi faire en ce moment, car ce côté est exacerbé”, explique Mélodie, près de Tours. Armelle, qui vit dans la même région, nous raconte : “Au début de la semaine, un de mes clients était en larmes parce qu’il se sentait seul. Sa fille ne vient plus le voir parce qu’elle a peur de le contaminer. Normalement, je viens pour faire du ménage et la toilette chez ce monsieur. Mais là, j’ai aussi pris un moment pour pouvoir discuter avec lui, pour essayer de lui remonter le moral. C’est bien beau de faire nos tâches, mais il faut savoir écouter et rassurer.”
Pour la plupart des assistantes de vie qui ont accepté de nous raconter leur quotidien, c’est surtout cet aspect de soutien qui s’est intensifié depuis le début du confinement.
Un soutien dont elles ont aussi besoin. “On a toujours la peur au ventre, en fait. Peur de transmettre le virus à nos clients, si on est porteuse. On a beau avoir des masques et des gants, on ne sait jamais. Et puis, on a peur de rapporter le virus chez nous, et de contaminer nos enfants, nos proches”, détaille Mélodie. Céline, quant à elle, était inquiète que ses clients fassent entrer leurs proches dans leurs domiciles, et ne respectent pas le confinement. Heureusement, “les personnes dont elle (je) s’(m’)occupe ont vraiment peur du virus, donc elles respectent le confinement à 100 %.”. Roseline, elle, a fait face à une cliente qui lui a carrément demandé de ne plus venir. “Le premier jour du confinement, elle m’a demandé de ne plus venir. Comme je passe de maison en maison, ça la dérangeait, elle a eu peur”, nous détaille-t-elle. Un souhait qui est par ailleurs compris et respecté par les agences O2 Care Services, qui ont, en amont, contacté chaque client pour savoir s’ils souhaitaient, ou non, maintenir les prestations pendant cette période de crise sanitaire.
Si ces agences font particulièrement attention à leurs clients, elles ne manquent pas de soutenir aussi leurs employés.
“L’agence nous encourage, on est écoutée, et si on a un souci, on peut appeler”, explique Mélodie. Céline enchaîne : “On a le matériel qu’il nous faut à disposition pour le moment. Je sais que ce n’est pas partout pareil. C’est rassurant. Et on a régulièrement des emails. C’est tout bête, mais un remerciement, savoir que l’agence sait que l’on fait notre maximum pour essayer de préserver les seniors, c’est important. On sait qu’on n’est pas tout seul pour affronter l’extérieur.”
En plus du soutien des agences, les professionnelles que nous avons interrogées nous ont aussi fait part de la reconnaissance qu’elles reçoivent des familles et des seniors chez lesquels elles interviennent. C’est le fils d’une de ses clientes qui a appelé Armelle pour la remercier : “Il m’a appelée ce matin, pour me remercier de notre travail, de ce qu’on fait, surtout en cette période qui est dure. Cela fait plaisir de voir que les familles nous téléphonent pour nous remercier. Et puis les seniors aussi sont très reconnaissants. Ils ont toujours un mot gentil.”
Si la période est dure, c’est tout de même l’occasion pour ces femmes de revaloriser leur rôle au sein de la société. “Sans nous, les clients seraient en maison de retraite ou à l’hôpital. C’est là qu’on se rend compte qu’on a un vrai rôle à jouer. Et c’est très important pour moi de continuer à travailler, car si j’arrêtais, j’aurais l’impression d’abandonner mes clients”, conclue Roseline. Pour Mélodie, c’est une certaine fierté d’exercer son métier qui s’est installée.
Et on la comprend : grâce à ces professionnelles, nos proches les plus vulnérables continuent à recevoir l’accompagnement dont ils ont besoin, malgré les difficultés qu’entraîne la période. Sans elles, de nombreuses familles se trouveraient sans solution concrète pour prendre soin de leurs aînés.