Visiter les jardins de Versailles avec des Petits-Enfants : les conseils d’Alain Baraton
Grand-Mercredi : Alain Baraton, si vous deviez conseiller quelques endroits magiques dans les jardins du château de Versailles aux Grands-Parents qui y viendront avec leur Petit-Enfant, quels seraient-ils ?
Alain Baraton : Incontestablement, je recommande la visite du Hameau de la Reine. C’est un endroit magnifique et un endroit de liberté car il n’est pas interdit d’y courir ! C’est un lieu où se mêlent l’élégance, la campagne et le rêve. Les enfants peuvent rendre visite aux animaux de la ferme mais aussi aux cygnes, canards et poissons qui vivent ici.
Je crois que ce lieu enchanteur se prête à imaginer que nous sommes chez la Belle au Bois Dormant. D’ailleurs à l’automne, il n’est pas rare d’y découvrir des citrouilles et qui dit citrouille, dit carrosse et qui dit carrosse, dit princesse… !
# Hameau de la Reine, temple de l’Amour
Ensuite, je vous recommande de vous rendre au Temple de l’Amour, d’abord rien que pour la beauté de son nom ! Vous aurez l’impression d’être sur une île et vous pourrez admirer le Petit Trianon de l’autre côté de la rivière anglaise. Cet endroit offre une vision inhabituelle de Versailles et je trouve que c’est un lieu très inspirant pour les petits comme les grands.
# La grotte de Marie-Antoinette
Les enfants et grands enfants peuvent aussi adorer la visite de la grotte de Marie-Antoinette. C’est un endroit caché, situé à côté du Petit Trianon où la Reine aimait se rendre pour s’isoler des curieux, réfléchir, lire sur le banc taillé à même la pierre ou encore recevoir un baiser d’Axel de Fersen. Grâce à un trou dans la roche, la Reine pouvait voir qui arrivait. C’est un lieu dédié au sentiment, à la discrétion, à la poésie et au romantisme car il est en plus entouré d’arbustes en fleurs. Une cascade d’eau coule dans la grotte et il se dit que son bruit peut couvrir le bruit d’un soupir ! Romanesque et propice à l’imagination, non ?
Selon Alain Baraton, les jardins de Versailles sont un lieu idéal pour faire aimer la nature
G.-M.: Comment parler des vertus des arbres à son Petit-Enfant ?
A.B. : Un arbre est un super-héros ! D’abord un arbre est peut-être immortel ou en tout cas capable d’atteindre un âge surnaturel. Prenez l’exemple de cet olivier millénaire qui a près de 2000 ans à Roquebrune Cap-Martin ou encore de ce séquoia de 3000 ans dans la forêt de Californie.
L’arbre est la plus fantastique construction au monde, même l’architecte le plus talentueux ne pourrait pas faire ce que fait un arbre ! Grâce à ses racines, un arbre est capable d’édifier un tronc qui peut atteindre 50 mètres de hauteur. Grâce à son feuillage, l’arbre a inventé les panneaux photovoltaïques. Grâce aux minéraux et à l’eau dont il se nourrit, l’arbre fabrique de la sève qui est une nourriture. L’arbre produit des déchets qui ne polluent pas l’environnement.
L’arbre nous offre ce qu’il a de meilleur, il nous nourrit, nous chauffe, améliore la qualité de notre air et il tient les sols. L’arbre a des qualités extraordinaires, c’est une montagne de vertus, doté aussi d’une conscience et d’une forme d’intelligence.
Il me semble enfin essentiel de dire aux enfants que l’arbre est un être vivant et fragile, les tempêtes nous le rappellent souvent, et il faut les protéger et se préoccuper de ceux qui nous entourent.
G.-M. : Quels sont les essentiels à transmettre à son Petit-Enfant pour lui donner envie de jardiner ?
A.B. : D’abord, je crois qu’il faut montrer à quel point on prend du plaisir à prendre soin de son jardin et pourquoi pas, même, présenter à l’enfant les fleurs comme des personnes qu’on aime. N’hésitez pas à faire visiter votre jardin comme vous faites visiter votre maison.
Le jardin : c’est de l’amour, c’est de l’émotion et c’est cela qui peut s’incarner et se transmettre ! Prenez l’émotion folle de retourner sous un arbre qui a été témoin d’un baiser d’amour ou encore l’émotion touchante d’un Grand-Père qui revient du jardin avec un bouquet de fleurs pour sa femme ou sa Petite-Fille !
Il peut être intéressant aussi de faire comprendre à l’enfant que semer, puis voir ses fleurs et plantations évoluer, c’est exceptionnel. Jardiner est une action qui dure longtemps, quand on plante un arbre c’est pour l’éternité, il n’y aura jamais d’obsolescence des arbres et c’est ce qui est merveilleux.
Et puis, j’aime l’idée d’installer un banc dans son jardin pour s’y réunir, converser entre petits et grands. Le banc reste le premier réseau social indémodable !
G.-M. : Alain Baraton, si vous deviez dévoiler un refuge où vous vous ressourcez dans les jardins de Versailles, quel serait-il ?
A.B. : Mon refuge est au pied du chêne doyen du parc, germé sous Louis XIV. Cet arbre est majestueux, son feuillage est tellement incroyable qu’on est abrité quand il pleut.
Cet arbre est un confident, un compagnon important de ma vie et il ne m’a jamais trahi.
Ce grand chêne vit près du Grand Trianon et je ne peux passer devant lui sans m’arrêter pour le saluer. Il est incontestablement le plus bel élément des jardins de Versailles.
Le confinement a bien profité à la nature, selon Alain Baraton
G.-M. : La nature vous a-t-elle surpris dans les jardins de Versailles en l’absence de visiteurs pendant le confinement ?
A.B. : Oh oui ! Je n’avais jamais vu autant d’animaux dans les jardins de Versailles. On profite d’ailleurs en ce moment d’un couple de cygnes qui a eu des petits sur le Grand Canal. J’ai eu la joie aussi de croiser la route d’un renard alors que j’étais dans ma voiture à 11h, un matin, par un soleil radieux. L’animal s’est allongé devant moi avec une aisance que je n’avais pas observée avant ! J’admire aussi les champs de pâquerettes et de boutons d’or qui ont bien prospéré sans la tonte.
G.-M. : Qu’espérez-vous que cette période inédite aura changé dans notre nouveau quotidien déconfiné et nos vies de famille retrouvées ?
A.B. : J’espère que ce confinement aura permis à celles et ceux qui ont vécu ensemble de mieux se connaître, de se retrouver.
J’espère aussi que cette période aura permis à chacun de prendre conscience à quel point notre planète est fragile et que nous devons mieux la respecter.
G.-M.: Si vous deviez formuler un vœu pour notre monde déconfiné, quel serait-il ?
A.B.: Plus qu’un vœu, j’ai une prière. Pendant ce confinement, nous avons vu un ciel bleu, entendu du silence dans les villes, admiré des dauphins en Méditerranée et des canards dans Paris, et constaté que la vie reprend quand les humains se calment. Je prie donc pour que nous tirions les leçons de ce virus et qu’en continuant à se protéger, nous redémarrions une nouvelle vie avec intelligence et sérieux pour respecter notre environnement.
Écouter la voice note d’Alain Baraton