Chaque année, quand elle me demande l’air de rien « Et cet été, alors….? », c’est pas que je me sens obligée mais presque.
Pour s’occuper de maman et lui faire respirer l’air de la mer, j’ai pris le relais de mon frère (trop occupé à traquer le poisson clown dans les récifs coralliens du monde entier) et de ma soeur (parce que « maman, les trajets, tout ça, c’est pas pratique »).
Je confirme: c’est pas pratique de faire venir sa mère de 91 ans de la banlieue parisienne jusqu’en Bretagne.
Entre l’assistance en gare, la gestion des bagages et les contraintes du plan Vigipirate, tout juste s’il ne faut pas réquisitionner un régiment de chasseurs alpins.
N’empêche : une fois arrivée, pour elle, c’est la fête.
Elle trouve tout beau – les draps, les rideaux, les massifs d’hortensias -, elle trouve tout bon – l’air marin, le pain cuit au feu de bois, les crevettes -, et tout le monde gentil, à commencer par le facteur.
Une semaine durant, la maisonnée vit à son rythme, donc forcément au ralenti : déjeuner à l’intérieur, pas de vinaigre dans la salade, déplacements limités, sieste obligatoire, balade sur les quais plutôt que sur la plage.
Elle me répète « Ne t’occupe pas de moi ! », mais je ne fais que ça. Je sors la boîte à couture, les ourlets en retard, le Scrabble vintage mais aussi la table de bridge.
Elle exagère et m’agace parfois, mais je n’arrive pas à lui en vouloir. Il m’arrive même de me demander comment, moi, je vieillirai. Comme elle…ou pas du tout ?
Indice n°1 : ils ont bonne mine toute l’année. Indice n°2: j’oublie toujours leurs prénoms. La semaine prochaine, les petits-enfants des voisins font leur entrée dans le paysage estival…