On ne cesse de vous le répéter : « Être Grand-Mère est une chance » ! Et transmettre à ses Petits-Enfants un peu de ce que l’on est, un peu de ce l’on sait, l’est aussi. Pour enfoncer le clou, nous sommes allés toquer à la porte d’une éminente spécialiste de la question, Grand-Mère elle aussi. Le Dr Danièle Flaumenbaum est l’auteur des « Passeuses d’histoires » (éd. Payot), un ouvrage fabuleux sur le rôle primordial des Grand-Mères d’aujourd’hui. Avec entrain, elle a accepté de répondre à nos questions et de vous donner, à toutes, quelques conseils.
En termes de transmission, la Grand-Mère occupe une place essentielle au sein de la famille. En quoi son rôle contribue-t-il à l’équilibre de ses Petits-Enfants ?
Avant toute chose, le temps de la Grand-Mère n’est pas le quotidien de la vie mais la permanence de la vie. Comme elle occupe la place de celle qui connaît l’histoire de la famille – n’oublions pas qu’elle est « la future ancêtre » ! -, elle inscrit ses Petits-Enfants dans un temps long et élastique, complètement différent de celui que partage l’enfant avec ses parents. La transmission de notre expérience de vie propulse nos Petits-Enfants dans leur avenir. La Grand-Mère est là pour donner un socle ; elle fait référence aux origines, à la lignée maternelle comme paternelle. Elle offre à ses Petits-Enfants une perspective bien particulière dans laquelle, comme il y a eu de « l’avant », on va pouvoir créer de « l’après ».
Les Grand-Mères d’aujourd’hui transmettent-elles comme les Grand-Mères d’hier ?
Beaucoup de choses ont bouleversé la vie des femmes depuis l’après-guerre. Imaginez un peu : lorsque je suis née, il n’y avait même pas le droit de vote pour les femmes ! Il y a eu la guerre, la contraception, la libération sexuelle, et cet incroyable allongement de la vie. On n’a jamais vécu aussi longtemps en famille ! La grande différence est que les Grand-Mères sont passées du silence à la parole. Elles ont intégré ce vent de liberté pour transmettre avec une force et une vitalité inédites les valeurs inaltérables et universelles auxquelles elles tiennent. Et puis, elles ont appris des choses que leurs propres Grands-Parents ignoraient, comme la psychologie et le développement de l’enfant, l’importance de la communication pour leur permettre d’aborder leur vie d’adulte. Gagnée par une énergie dynamisante, la Grand-Mère d’aujourd’hui se met donc à raconter des choses qui, auparavant, étaient cachées : elle est décomplexée !
Que conseilleriez-vous aux Grand-Mères avides de transmettre à leurs Petits-Enfants ?
Faire avec eux un arbre généalogique et sortir les photos des uns ou des autres permet souvent à tout un pan de la famille – que l’enfant n’a parfois jamais vu – de prendre vie. Il y a aussi les chansons (et pas seulement celles de notre enfance, qui parlaient beaucoup de la guerre et dans lesquelles on n’avait pas le droit d’aller danser !). A chacune d’inventer sa place et de tenir ce rôle de lien, de faire en sorte que les cousins puissent se voir, d’atténuer les possibles tensions dans la famille. Il faut aussi que les Grand-Mères se sentent libres de parler de leur vie de femme, et même de sexualité ou de mort. Si la Grand-Mère permet à ses Petits-Enfants d’avoir des repères, c’est aussi parce qu’elle répond à leurs questions dans un climat d’aisance et de sérénité. Enfin, en tant que passeuse d’histoires, la Grand-Mère est aussi là pour rappeler à ses Petits-Enfants que la vie vaut la peine d’être vécue : à leurs yeux, elle incarne la curiosité, l’incroyable…En un mot : l’extra-ordinaire.
Pour faire durer le plaisir de cet entretien, lisez sans tarder « Les Passeuses d’histoires » , le livre de Danièle Flaumenbaum.
Chacune s’y reconnaîtra !