Pour Philippe de Broca, la vie (de famille) devait être une aventure ! - Grand-Mercredi

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Pour Philippe de Broca, la vie (de famille) devait être une aventure !


Rencontre

Alexandra de Broca

À l'occasion de la sortie du livre Philippe de Broca, un monsieur de comédie paru aux Editions Neva, nous avons rencontré Alexandra de Broca, son épouse, à qui il a confié la responsabilité de faire vivre son œuvre


Rencontre

Alexandra de Broca

À l'occasion de la sortie du livre Philippe de Broca, un monsieur de comédie paru aux Editions Neva, nous avons rencontré Alexandra de Broca, son épouse, à qui il a confié la responsabilité de faire vivre son œuvre

Presque 16 ans après sa disparition, les comédies de Philippe de Broca conservent toute leur modernité grâce à la « patte » unique du cinéaste et font partie intégrante du patrimoine cinématographique français. A l’occasion de la sortie du livre Philippe de Broca, un monsieur de comédie paru aux Editions Neva, nous avons rencontré Alexandra de Broca, son épouse, à qui il a confié la responsabilité de faire vivre son œuvre.

Philippe de Broca disait : « C’est ma philosophie : la vie n’existe que par le mouvement ». Pouvez-vous nous présenter l’homme Philippe de Broca et La philosophie de vie dont il parle ?

AB


Oui c’était un homme qui virevoltait toujours, le mouvement est un mot qui le caractérisait très bien. Il est certain que Philippe était tout sauf ennuyeux, c’était un passionné qui s’intéressait à tout à commencer par la science, la nature ou encore les étoiles.
Pour vous présenter l’homme, je puis vous dire qu’il a d’abord été un petit garçon et un jeune homme heureux dans une famille très aimante et originale au bon sens du terme. Il était très proche de sa sœur et il adorait sa mère à tel point que dans Vipère au poing son dernier film, quand il lui fallut mettre en scène un personnage maternel haïssable, ce fut très difficile car c’est une situation qui lui était complètement étrangère.
Une période qui a profondément marqué sa vie est la guerre d’Algérie pendant laquelle il sera à Alger au Service Cinématographique des Armées. Il filmera des opérations et des prises d’arme. Ces 3 ans l’ont cassé, il est sorti de là avec une philosophie de vie qui l’a accompagné jusqu’au bout : l’humour, l’anticonformisme et la jouissance au présent sont des antidotes aux horreurs qui existent en ce monde. L’impatience de Philippe, son côté virevoltant, sa fantaisie, son souhait de s’émerveiller devant la beauté, de créer l’inattendu, sa peur de la solitude et du temps qui passe y sont certainement liés.

Comment parlez-vous de Philippe de Broca à ses Petits-Enfants ?

AB


Il a eu la joie de connaître la première fille de son fils Alexandre !

Nous leur disons que leur Grand-Père était un magicien, un lutin, un amoureux de la mer qui adorait vous prendre la main et avec qui on ne s’ennuyait jamais !

Quels sont les films de Philippe de Broca à regarder avec ses Petits-Enfants ?

AB


D’abord je recommande à tous les Grands-Parents de voir ou revoir Cartouche avec leurs Petits-Enfants qui est le film qui a lancé sa carrière de réalisateur. Pour l’anecdote, l’histoire de ce film est une histoire vraie d’un voleur, interprété par Jean-Paul Belmondo, qui vole aux riches pour donner aux pauvres. Il y a un vrai message philosophique qui en fait bien plus qu’un film de cape et d’épée. Les petits et les grands enfants se régaleront j’en suis sûre !

Ensuite, je crois que le film référence des enfants reste L’Homme de Rio. Ils l’adorent et je pense que les cascades réalisées presque toutes par Jean-Paul Belmondo n’y sont pas étrangères !

Enfin, le film que nous devrions tous voir c’est le Roi de Cœur. C’est son film fétiche et c’est son film le plus difficile parce qu’il n’a marché. A cause de cet échec, il a envisagé pendant longtemps d’arrêter de tourner. Ce film apporte de la dérision a un sujet très difficile qu’est la première guerre mondiale. Je pense qu’à l’époque le public n’a pas compris qu’on puisse traiter de ce sujet sous cet angle.

Comment le rôle de Grand-Parent est-il traité dans les films de Philippe de Broca ? A-t-il été inspiré par ses propres Grands-Parents ?

AB


D’abord, il faut savoir que Philippe adorait son Grand-Père, celui qui était peintre. Il a été fasciné par cet homme pour son talent, son originalité, on peut dire que son Grand-Père l’a beaucoup marqué. Un de ses tableaux, exposé au musée de Nantes, s’appelle La Rencontre. On y voit le Grand-Père de Philippe en tenue de peintre aux armées, il étreint un homme qui est son fils, lui-même dans une colonne de soldats. Le père et le fils se croisent, c’est magnifique !

Philippe de Broca, sans doute grâce à cet attachement qu’il avait pour son Grand-Père, était très sensible et attentif aux personnes plus âgées. Ils aimaient beaucoup les écouter et apprendre d’elles.

Dans ses films, le Grand-Père est celui qui transmet avec humour, il est aussi un peu bourru.

J’aime prendre l’exemple de Claude Rich qui a rôle magnifique de Grand-Père dans un téléfilm de Philippe qui s’appelle « Le jardin des plantes ». C’est l’histoire d’un Grand-Père, conservateur du jardin des plantes, pendant la seconde guerre mondiale. Son fils, peu vertueux, vient d’être tué et le personnage joué par Claude Rich doit prendre soin de sa Petite-Fille. Comme il ne supporte pas l’image laissée par son fils, il va élever sa Petite-Fille en lui disant que son papa était un héros de la résistance française.

Son fils Alexandre de Broca a dit de son père : l’ordinaire le barbait ; il fallait que la vie soit croquante et imprévisible. Comment Philippe de Broca mettait-il de l’aventure dans sa vie de famille ?

AB


Philippe n’était jamais assis donc il fallait cavaler derrière lui ! Les enfants adoraient le suivre dans ses aventures – tout était un jeu, tout était décalé !

Par exemple, un enfant qui était fatigué, il l’installait dans le panier du chien pour faire sa sieste, personne n’était surpris ! Quand les enfants s’ennuyaient en voiture, il disait : tiens une girafe ! et tous tournaient la tête par la fenêtre alors que nous étions place de la Concorde !

Quand il envoyait des fleurs, ce n’était pas juste comme ça, il envoyait un mot original avec ou il mettait un objet dans le bouquet.

J’ai le souvenir d’un feu d’artifice qu’il avait improvisé à Vert sans demander d’autorisation et je lui ai dit : mais Philippe les enfants vont avoir froid ! Qu’à cela ne tienne, Philippe a attrapé les rideaux du salon et a enroulé les enfants dedans pour leur tenir chaud pendant le spectacle. Je vous rassure, je n’aimais pas beaucoup ces rideaux et il le savait !

Il était drôle et anticonformiste dans tous les sens du terme.

Philippe de Broca confiait que « Le rire est la meilleure défense contre les drames de la vie », comment aurait-il réagit face au confinement, à la crise sanitaire que nous vivons actuellement ?

AB


Il n’aurait pas été inquiet d’être confiné tant qu’il pouvait jardiner – il se serait fabriqué des cabanes au fond du jardin accompagné de ses chiens !

Philippe dans sa fantaisie et distraction n’aurait pas toujours rempli la bonne attestation de déplacement et aurait sûrement essayé de contourner certaines règles. Il suffisait de lui dire qu’une chose était interdite pour qu’il ait envie de la faire !

En revanche, il nourrissait une véritable inquiétude pour le monde d’aujourd’hui laissé à ses enfants et particulièrement pour la menace qui pèse sur l’environnement.